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Monastère Notre Dame de GANAGOBIE - juin 2012
10° Colloque interreligieux de GANAGOBIE

« Grandir en humanité »


COMPTE-RENDU

Ce 10° colloque interreligieux est l'aboutissement d'une longue série d'échanges et de réflexions commencée en 2003, 40° anniversaire de l'encyclique « Pacem in Terris » du Bx Pape Jean XXIII. Nous avons commencé par les quatre thèmes qu'il considérait comme les fondements essentiels de toute paix véritable entre les hommes : Vérité et Liberté, Justice et Amour. De proche en proche nous avons abordé les questions de la transmission des valeurs, au premier rang desquelles se trouvent le respect inconditionnel de la vie, de la famille et de la dignité humaine, mais aussi le respect du monde créé que nous devons léguer à nos successeurs, le respect des différentes Traditions religieuses et spirituelles. Face au désen-chantement qui se généralise avec la succession des crises, devant la poursuite de tant de conflits cruels sur tous les continents, nous avons tenu deux colloques (2009 et 2010) sur des situations variées qui ouvrent des chemins d'Espérance. En 2011 nous sommes revenus sur un sombre tableau, la réalité de l'esclavage (nommé ou dissimulé) dans le monde actuel.

En 2012 nous avons tenté une amorce de synthèse en réfléchissant sur les moyens de « grandir en humanité ». On peut regrouper sous trois chefs les diverses contributions qui ont été présentées.

1 - « L'homme souffrant » 

- Fabrice Salmon et Cathy Blanc : Pour mourir dans la dignité une personne en grande souffrance a été accompagnée jusqu’à sa mort naturelle. Cathy Blanc a introduit le sujet et Fabrice Salmon a raconté comment sa pratique du Bouddhisme lui a permis d'accompagner jusqu'à la fin ce grand malade avec qui la relation ne passait que par l'échange des regards ! Ils l'ont aidé ainsi à entrer dans une profonde méditation et à vivre ses derniers jours dans la paix.
  • Florence Batime :
  • Le monde du travail est malade. Des gens, même bardés de diplômes ou dotés d'une grande expérience, se retrouvent souvent dans des postes qui ne correspondent pas du tout à leurs capacités. L'actualité a montré que cela pouvait en pousser certains jusqu'à la mort. Grandir en humanité suppose que l'on reconnaisse l'existence de l'autre non pas comme un pion que l'on peut déplacer indûment, mais comme une personne qui peut apporter sa richesse propre.
  • Cornelis Koen
  • Depuis toujours l'homme a eu tendance à s’accrocher à tout prix à son opinion, ce qui l'a souvent amené à supprimer celui qui ne la partageait pas. Le moi possessif continue à dominer l’humanité dans tous les domaines.
  • Eric Mangin :
  • Dans son métier de juge il s’est trouvé souvent en face de la souffrance des enfantsdans leur famille. La solution n’est pas de sanctionner les parents, mais de prendre des mesures pour protéger les enfants.

    2 - Expériences vécues

    - Paula Kasparian /Rabbin Gabriel Hagai/Fr Farid Djabi : Dans les trois grandes religions monothéistes les liturgies ne sont pas les mêmes, mais dans l'Association « Artisans de Paix » que présenta avec brio sa Présidente, on se reconnaît tout à fait dans les Psaumes ou autres poèmes chantés en hébreu et français par Jean David en interludes. - Le Rabbin Hagaï souligna que, pour grandir en humanité, on a besoin de contemplation et de méditation. Il faut se retirer de temps en temps du monde et pour cela Dieu nous a fait cadeau du Shabbat. Au soir du vendredi 1 juin tous les sessionnistes se sont joints à la Communauté monastique pour célébrer, sous la houlette du Rabbin, le repas festif d'ouverture du Shabbat. - Le Soufî Fr. Farid Djabi a rappelé que, dans le monde qui nous entoure, on a beaucoup perdu le contact avec le Divin. Mais lorsqu’on approfondit sa foi, on avance et à la limite on n’a plus besoin de se parler, car c’est l’Esprit qui parle en nous et nous met en communion avec autrui. De même les Soufis de la COREIS (Milan) venus nombreux ont invité tous les sessionnistes à leur prière du vendredi qu'ils ont célébrée au monastère.
  • Philippe Courbon
  • L'incomplétude humaine, souvent comprise comme une faiblesse, est aussi une ouverture sur le partage et la relation avec autrui. L'homme construit beaucoup de murs, mais pas assez de ponts, et c'est impardonnable.
  • Jack Philémon a présenté l'expérience pédagogique qu'il a conduite avec ses élèves de Philosophie, qui consistait en un retour pur et simple à la maïeutique socratique : Apprendre aux jeunes à se poser les bonnes questions !
  • - Le Shaykh ‘Abd al-Wahid Pallavicini Il n’y a qu’une seule Vérité, c’est Dieu Lui-même. Savoir se soumettre à la Volonté absolue, synonyme de Vérité absolue. Dans la Croix spatio-temporelle marquée par la première venue de Jésus, savoir attendre la parousie de sa seconde venue qui pourra nous réconcilier tous en Dieu. - Le Soufî Abd-al-Haqq Guiderdoni.  Le monde a un sens, c'est le retour à l'Unique. Dans le Coran il est écrit que l’homme a été créé pour adorer Dieu. Chacun rentrera au Paradis, sauf celui qui s'y refuse . Mais nous sommes confortablement installés dans nos pensées humaines qui peuvent nous en distraire ou même nous en éloigner.

    3 - Evolutions

    - Le Père Abbé, en introduction au Colloque, a rappelé les grandes lignes de l'anthropo-logie mise en œuvre au II° Concile du Vatican : dignité de toute personne humaine, en tant qu'elle est créature de Dieu « à son image et ressemblance ». - Le Professeur Martin Oberholzer-Riss (de Bâle) : La mise en pratique de l’amour pour le prochain trouve un vaste champ grâce à la Télémédecine, cette mondialisation de la médecine pour le bien de l'homme, surtout des populations les plus éloignées et privées de l'accès aux soins modernes. - Mme Hélène Petit et Cornélis Koen : Dans le monde occidental le sens du Sacré est menacé de disparition. Comment le Chrétien en Occident peut-il apprendre le côté mystique de sa religion qui, elle, est née en Orient ? Mme Petit nous fait découvrir le climat du sacré dans l'Inde profonde de sa jeunesse vécue dans le Sud, où les diverses communautés savent partager leurs fêtes religieuses.
  • Pasteur Bernard Mourou (E.P.U.F.) Il souligne les liens entre l’Humanisme et la Réforme depuis le 16° siècle. Le Christianisme est un véritable humanisme grâce à Jésus.
  • Jo Wenger (Eglise évangélique), non sans humour, décline les qualités requises pour grandir en humanité, huit qualités  qui déclinent chaque lettre de ce terme.
  • Mme Mahjouba El-Khalfi :
  • Animatrice depuis une quinzaine d’années dans le centre d’accueil « Point Rencontre » à Saint Auban, le vécu d’une journée de travail lui rappelle les contes entendus dans sa jeunesse de Musulmane au Maroc. Les rencontres avec la multitude de détresses dont souffrent les hommes et les femmes lui font dire : « Ce que tu fais pour Dieu, tu le fais pour l’homme, et ce que tu fais pour l’homme, tu le fais pour Dieu ».

    CONCLUSION


    Le débat actuel sur le projet de loi de mariage entre deux personnes du même sexe, qui ouvre ainsi la voie à la possibilité d'adoption d'enfants, nourrit de vives controverses.
    Ses tenants veulent à tout prix réduire ce qu'ils appellent une discrimination homophobe dont seraient victimes les deux membres du couple. Ils souhaitent se marier, ils souhaitent avoir des enfants. Ne le pouvant pas naturellement, ils demandent à en adopter.
    En tout cela, c'est le désir des adultes auquel on veut donner force de loi. En face de cela, les adversaires du projet de loi mettent en avant la protection des enfants qui se trouveraient ainsi dans une famille à deux pères, sans mère, ou à deux mères sans père, c.à d. dans un foyer privé de l'équilibre parental fondamental que représente le couple homme+femme. Les psychiatres tirent vigoureusement la sonnette d'alarme sur les conséquences funestes pour tout enfant d'un tel déséquilibre. Il n'y a donc aucune homophobie à défendre le mariage traditionnel, mais le bien de tous les enfants est une valeur majeure à protéger. *

    Ce 10° colloque clôt une série de réflexions sur l'homme du début de ce 3° millénaire. Ce fut une expérience très riche de rencontres interreligieuses dans le respect mutuel et avec des échanges qui se sont approfondis au fil des ans. Un gros travail nous reste à faire pour mettre en ligne les nombreuses conférences antérieures encore en souffrance. Aussi avons-nous pris le parti de suspendre ces colloques tout le temps nécessaire. Mais nous restons ouverts à un maintien des contacts avec ceux qui en auraient le désir.

    Nous remercions le Seigneur qui nous a ainsi réunis fraternellement, et nous exprimons encore notre gratitude très sincère envers les différents acteurs qui ont contribué à leur belle réalisation.

    Nous avons le plaisir aussi de vous annoncer que nous nous préparons à fêter en 2015 le 150° anniversaire de la fondation de notre Communauté bénédictine Ste Marie-Madeleine à Marseille (rue d'Aubagne). Faite en 1865 par Dom Prosper Guéranger, le restaurateur de la vie bénédictine en France après la Révolution, elle eut un ministère d'éveil, ou de réveil, de la foi, après la tourmente révolutionnaire et dans le contexte croissant du naturalisme et du positivisme. En creusant les sources de notre histoire monastique, nous tenterons de metttre en lumière la place que peut tenir notre monastère dans la société actuelle.

    fr. René-Hugues de Lacheisserie, abbé, et Cornélis Koen

     

     

     

     



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